Un enfant se prélasse
Dans son lit soyeux,
Regarde tous ses jeux
Qui déjà le lassent.
Deux ou trois rues plus loin,
Un gamin grelotte
Dans la lueur pâlotte
D’un jour incertain.
Les mauvais comptes,
Les beaux contes
Volent l’enfance
Ou l’encensent.
Dans la grande maison,
L’enfant roi s’habille
De vêtements qui brillent
Plus que de raison.
Dans le logis sans feu,
Le gamin enfile
Un lainage qui file
Et un jean miteux.
Les mauvais comptes
Les beaux contes
Volent l’enfance
Ou l’encensent.
Adulé comme un Dieu
Sur son piédestal,
L’enfant trouve normal
Les matins radieux.
Le gamin sort sans bruit
Pour laisser dormir
Sa mère sans avenir
Qui travaille de nuit.
Heureusement, dehors,
La nature se donne
En n’écartant personne
De son beau décor.
Deux enfants jouent ensemble
Sous le même ciel
Impartial, essentiel
Et qui les rassemble.